Encore une nuit. Une nuit qu'Alfred Pennywoth va passer dans la sinistre famille Wayne. Il aiguisera les armes de jets de maître Bruce, vérifiera les bombes explosives, les filins de métal. Il nettoira les armures et les masques. Il passera un coup de balais sur le sol en pierre de la cave et époussetera le clavier du super-ordinateur trônant au beau milieu de la plate-forme. Enfin, il remontera préparer du thé et quelques gateaux. Le thé au chaud dans un thermos, il mettra le tout sur un plateau en argent du service de la famille et ira poser celui-ci sur un table en métal dans la cave, près de l'ordinateur.
Il a tenté de nombreuses fois de convaincre maître Bruce d'abandonner cette folle idée qui lui était venue sur la tombe de ses parents. Mais plus qu'un cri de douleur, c'était une véritable détermination. Le jeune Bruce qu'Alfred avait connu souriant, joueur, innocent, était devenu froid, obsessionel, parfois même tourmenté. Plus rien n'avait d'importance à ses yeux mis à part ce but qu'il s'était fixé, l'image de cet homme qu'il voulait devenir. C'était triste et terrifiant à la fois.
Quand maître Bruce rentrera, Alfred pensera ses blessures (car il en aura) et s'occupera de rapiécer sa tenue de combat. Non-pas qu'en racheter une soit hors de portée financière mais, il vaut mieux éviter de faire trop d'achats à l'éxtérieur. Les secrets de la maison doivent être gardés. Trop de choses sont en jeu. Les gens doivent continuer à penser inconsciemment qu'il y a cents lieux entre cette créature de la nuit qui terrorise les malfrats et ce milliardaire excentrique dont la vie fait les premières pages des magazines à scandales. Mais, pour Alfred, Bruce Wayne restera le petit garçon traumatisé, pleurant en silence, se demandant pourquoi ce monde si cruel lui a volé son enfance.