batman

Il s'appelle Billal Asselah, il vit à Clichy-sous-Bois, fait du Parkour sur les toits et, suite à une visite du Chevalier Noir dans notre beau pays, il devient le nouveau Batman !

C'est dans Batman Annual 12 et 28 qu'on découvre Billal, jeune homme de la banlieue du 93, musulman pratiquant, adepte de Parkour. Après une courte escapade sous sa première identité, "Nightrunner", il fait la rencontre de deux Batman. Bruce Wayne (l'original) et Dick Grayson (le premier Robin et nouveau chevalier noir).

Face à une secte criminelle, le Portail Doré, Billal prouve sa valeur à Bruce Wayne qui l'engage alors pour son projet "Batman Incorporated" (projet visant à créer un chevalier noir dans tous les coins du globe).



Après un entrainement intensif, Billal devient donc le Batman français de la banlieue parisienne. Il intervient lors d'une émeute et empêche un jeune de blesser quelqu'un avec un cocktail molotov. Malheureusement, cette action lui vaut d'être considéré comme étant du côté de la police. Bientôt, de nouvelles manifestations et émeutes éclatent pour protester contre l'arrivée de Batman en France.

Billal doute. Est-il capable de rendre la justice tout en restant neutre ? Peut-il devenir un symbole et pousser les gens à donner le meilleur d'eux ou renforcera-t-il malgré lui la haine ?

Ce Batman franco-musulman (puisque c'est malheureusement les seules étiquettes qui ont fait parler de lui) a suscité sa petite bulle de polémique.

Des blogs américains conservateurs se sont enflammés, dénonçant le fait qu'une série décrivant les aventures d'un justicier comme Batman se fourvoyait en ajoutant un personnage musulman à sa gamme de vengeurs masqués.
Toutes les blagues sont tombées. De l'image caricature d'un barbu islamiste affublé du titre "the new batman sidekick" (le nouveau partenaire de Batman) jusqu'aux suggestions de super-pouvoirs (un site a suggéré qu'il puisse enterrer des femmes et les lapider).
Nos amis outre-atlantique semblent choqués que notre Chevalier Noir ne puisse pas être un François, catholique, vivant peinard dans un appartement du 16ème.

Désespéré par cette avalanche de haine, de racisme et d'incompréhension du personnage de Batman, de ce qu'il est et de ce pour quoi il se bat, je me suis tourné vers les quelques articles écrits dans la presse française. Malheureusement, ici, ce n'est pas mieux.

Les journaleux français (et même des lecteurs, à en juger par les commentaires), se plaignent que ce Batman soit impliqué dans des émeutes à Clichy (des émeutes ayant eut lieu il y'a déjà six ans), que le personnage soit une sorte de caricature du gentil musulman intégré, que l'auteur fasse preuve de mauvais goût et de démagogie en stigmatisant un jeune de banlieue trop propre sur lui.



Bref, pour simplifier; les uns se plaignent qu'il soit trop arabe et les autres, qu'il ne le soit pas assez. Certains semblent simplement se plaindre qu'il existe désormais un Batman français.

Mais, et l'avis des français lecteurs de Batman, dans tout ça ? Existe-t-il un seul article sur cette mini-polémique qui prenne en compte l'avis de gens vivant en France et ayant une assez bonne connaissance de l'univers Batman, du personnage ?

Personnellement, malgré ses défauts évidents (les décors de Paris et Clichy sont une caricature et montrent que l'auteur n'a qu'une très vague connaissance des lieux, Batman alias Billal opère, certains MAIS avec l'accord du chef de la police qui connait son identité, la pseudo actualité évoquée est vieille de plus de six ans, etc...) je suis agréablement surpris par Nightrunner.

Il correspond tout à fait à ce que serait un Batman en France. Il refuse de s'impliquer dans les combats, préférant utiliser ses compétences d'acrobate pour se sortir d'une situation périlleuse plutôt que foncer dans le tas et donner des coups. Issu d'une cité, vivant difficilement, il préfère dans un premier temps suivre les conseils de sa mère et ne pas répondre par la violence. Ce qui, pour autant, n'en fait pas oui-ouiste qui suit bien gentiment ce qu'on lui dit de faire.
Ses premiers pas comme Nightrunner finissent par l'opposer à Batman qui finira par voir en lui un associé possible.

Devenu le nouveau Batman, Billal continue de marcher entre deux mondes. Le chef de la police, Lafayette, est réticent à le laisser agir. Pour lui, "la neutralité n'existe pas à Paris". Un Batman musulman/arabe ne peut qu'attiser encore plus la haine (intéressant, quand on sait que c'est exactement ce que cette BD a déclenché, toutes proportions gardées).
Mais c'est tout l'intérêt de porter un masque. Batman n'est ni le symbole du pouvoir de la loi, ni celui de la révolte des banlieues. Le combat du Chevalier Noir, c'est avant tout pour la vie. C'est en voyant ses parents mourir des mains d'un criminel, lui-même poussé à l'extrême par la pauvreté où la société l'avait plongé, que le jeune Bruce Wayne fit le serment de combattre l'injustice.

C'est ce que nous, qui lisons et regardons Batman depuis l'enfance, pouvons voir dans cette BD. Des valeurs humaines selon lesquelles, peu importe les préférences politiques, la religion, l'origine, chacun peu aspirer à donner le meilleur de soit, prendre le parti d'aider son prochain. Et dans l'univers imaginaire de Batman, cela signifie mettre un costume et sortir courir sur les toits pour sauver des vies. Pourquoi pas ?

Gardons avant tout à l'esprit que Batman, c'est avant tout un univers riche et divertissant.